Réalisateur : Tsai Ming-liang.
Acteurs : Lee Kang-sheng, Miao Tien, Lu Hsiao-ling, Chen Chao-jung...
Durée : 1h55.
Sortie : août 1997
Ours d'argent et prix spécial du jury, Berlin 1997
Xiao-kang vit avec ses parents dans une profonde solitude et un silence pesant. Sa mère passe plus de temps auprès de son amant qu'avec sa famille, son père rencontre des adolescents au sauna : chacun cherche l'amour sans vraiment le trouver. Xiao-kang ne leur parle presque pas. Ils s'ignorent la plupart du temps. Un jour, en rentrant chez lui, Xiao-kang éprouve une douleur dans la nuque, comme un torticolis. Sa douleur va s'aggraver, et le film décrit, entre autres, la lente progression de la maladie. Le garçon va essayer tous les remèdes, de la médecine traditionnelle à des traitements
plus ou moins occultes. Pendant ce temps il pleut dans la maison, comme si tout ce que les personnages refoulent, tout ce qui n'est pas dit, s'exprimait dans les fissures du
plafond, de plus en plus nombreuses et de plus en plus larges.
Fritz Zorn voyait dans son cancer les larmes qu'il avait trop longtemps contenues dans sa jeunesse et qui se seraient accumulées dans sa gorge. La douleur de Xiao-kang, c'est un peu la même chose. Les plans de Tsai Ming-liang, très longs et silencieux, comme ceux d'Angelopoulos, nous font prendre conscience de la tension qui accable les personnages et que Xiao-kang subit quotidiennement sans jamais l'exprimer. Cette tension le ronge de l'intérieur.
Les personnages s'ignorent et se fuient, et l'absence de musique dans tout le film - même pendant les génériques - renforce l'impression d'isolement et de vide que donne leur attitude. On en est d'autant plus attentif à la bande son et aux images, froides et sombres mais toujours belles.
La rivière du titre, c'est celle où Xiao-kang, au début du film, se laisse flotter, porté par le courant, pour jouer sur un tournage le rôle d'un cadavre. L'équipe est satisfaite : c'est d'un réalisme saisissant. Le corps de Xiao-kang, comme inanimé, flotte en silence au milieu de la rivière.
Tsai Ming-liang a déjà réalisé Rebels of the Neon God en 1992 et Vive l'amour (Lion d'or à Venise en 1994).
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