Americain. Réalisateur: Roger Spottiswoode. Acteurs: Pierce Brosnan, Michelle Yeoh, Jonathan Pryce et Teri Hatcher Après Goldeneye et ses excès grotesques - un James Bond hors de ton - et compte tenu de la campagne publicitaire assourdissante qui a accompagné le tournage et la sortie de Tomorrow never dies, on pouvait craindre que la série, agonisante, ait irrémédiablement perdu toute sa finesse pour devenir purement commerciale. On pouvait s'attendre au pire. Aussi ce film est-il une très bonne surprise.

Tomorrow never dies renoue avec l'esprit des James Bond traditionnels, tout en assimilant la technologie et les préoccupations actuelles : c'est ce qu'on peut attendre d'un James Bond d'aujourd'hui. Dès la séquence du canon de révolver, on est plongé dans un univers familier. La musique y est pour beaucoup. Exit Éric Serra, David Arnold a écrit une musique plus fidèle et plus appropriée. Le prégénérique est très efficace. Le rythme est soutenu, mais sans excès, de sorte qu'on reste réceptif et qu'on est prêt à aborder l'histoire proprement dite. Le générique est particulièrement réussi. Des idées nouvelles s'associent à merveille avec les éléments habituels. Le scénario, dans l'ensemble, est aussi une bonne surprise. Non seulement ils nous ont épargné le coup du compte à rebours, mais il y a même de bonnes trouvailles.

Spottiswoode a filmé tout cela proprement, et non sans humour et originalité. Les ralentis typiquement chinois dans les scènes d'actions (John Woo n'est pas loin !) sont une bonne idée, surtout quand il filme Wai Lin. L'ensemble est assez fluide, et l'on ne s'ennuie pas. Les différents personnages sont très traditionnels. Jonathan Pryce est brillant dans le rôle du méchant : distingué, charismatique et fou à lier. M, on s'en souvient, est maintenant une femme. Q est le seul à n'avoir pas changé de visage en trente-cinq ans.

Un regret en ce qui concerne les James Bond girls : elles ne sont pas assez présentes. L'une n'a qu'un petit rôle, et l'autre me semble un peu fade. Ils auraient dû donner beaucoup plus d'importance à ces deux personnages. Un autre regret : Pierce Brosnan, sexy comme une brosse à dents, n'est toujours pas convaincant. Il est décidemment incapable de s'adapter aux exigences du rôle. Ce n'est pas en imitant Roger Moore (malgré lui ?) qu'il ressemblera à un élégant séducteur. Les fans devraient retrouver avec plaisir ce qui faisait le charme des anciens James Bond. Les autres, s'ils n'attendent rien de révolutionnaire, devraient aussi passer un bon moment. Les seuls déçus seront ceux qui avaient apprécié la révolution opérée avec Goldeneye. (Mais un James Bond est un film de genre par excellence, et Goldeneye n'avait pas respecté les conventions du genre.) La renaissance de James Bond ? On est sur la bonne voie, il ne reste plus qu'à changer l'acteur.